Feuille de route

Pour ses deux premières éditions pendant son année inaugurale, le Cahier (carnet) de recherche CIDAF réunira les travaux de ses différents contributeurs abordant les problématiques qui suivent :

La première d’entre elles, intitulée « L’Afrique, (d’après ses) repères endogènes. », cherchera à approfondir la question de savoir s’il est possible de parler de repères endogènes de la pensée africaine, et si tel serait le cas, comment ce serait-elle structurée à travers le temps. De nombreux travaux ont été consacrés à cette question dans la littérature philosophique et scientifique postindépendances, notamment dans les écrits d’Eboussy-Bulaga, d’Alexis Kagame ou encore de Valentin-Yves Mudimbe, et bien d’autres. Cette réflexion nous conduira à nous appuyer sur les propositions de ces auteurs pour apporter des précisions à cette question fondamentale car elle continue d’interroger les consciences africaines et mondiales sur l’histoire de ce continent.

Toutefois, sans se limiter exclusivement à une approche traditionnelle ou historique de cette question, les études qui seront menées s’intéresseront aux enseignements des expériences contemporaines des sociétés africaines sur la démonstration d’un savoir propre aux populations africaines dans leur diversité et leur complexité.

En guise d’illustration, le lecteur trouvera les propositions de sujets qui intègrent parfaitement la problématique abordée.

  1. En partant de l’étude des peuples, il parait digne d’intérêt scientifique d’interroger les cadres à partir desquels la répartition des populations africaines s’est instituée, et surtout d’interroger leur pertinence. Précisément, les notions de Tribu et d’Ethnie, présentés régulièrement comme des phénomènes socio-politiques attestés ne peuvent qu’interroger, sur la définition des peuples sous ses tribus et sur la place de l’organisation politique de ces différents groupements – tribus et ethnies avant l’avènement des États modernes en Afrique. Qu’y aurait-il de commun entre reconnaître l’existence d’empires et royaumes aux vastes étendues géographiques avant le XIXè siècle et la classification des peuples en ethnies et tribus ? L’expérience de la royauté et de l’empire ne serait-elle pas une remise en cause de l’affirmation de l’ethnie comme formation centrale de la vie politique en Afrique ? L’ambition de cette analyse est alors de restituer à ces notions leur historicité et leur pertinence dans la description des communautés africaines et le lien de solidarité et d’appartenance qui peuvent s’y manifester. Par ailleurs, qu’enseignent, par exemple, les phénomènes des tontines, des paniers d’offrandes sur les causes des solidarités en Afrique ?
  •  Moins collective et politique, il est possible de rechercher l’existence d’une pensée africaine endogène à partir de la perception de la personne au sein des traditions africaines : sa place, son identité, sa dignité, sa liberté, son rapport aux autres, à l’environnement, sa spiritualité, sa solidarité. Y aurait-il un humanisme immanent dans la tradition africaine ? Certaines pistes ont été brillamment explorées par de différents chercheurs à l’aube des indépendances. Les travaux présentés dans cette édition seront l’occasion de prolonger ces réflexions opportunes.

Sous le second questionnement, c’est-à-dire « Existe-t-il de repères dans la tradition africaine servant à concevoir la société aujourd’hui ? », nous interrogerons les vestiges du passé sur le présent, l’emprise que l’on pourrait reconnaître ou au contraire renier aux institutions sociales émanant des cultures africaines dans l’expérience actuelle des populations. Davantage portée à l’observation de la société contemporaine, cette seconde interrogation invite à mettre une emphase sur la contribution de la vie urbaine, rurale, locale ou de la diaspora dans la structuration des sociétés africaines. Les contributeurs seront vivement invités à esquisser des théories ambitieuses, intelligentes sur les conditions de vie actuelles et futures au sein de ce continent.

Les sujets envisageables par les contributeurs peuvent plus ou moins se rattacher aux questions suivantes :

  •  La figure du chef coutumier, son rôle symbolique et politique, et l’utilité de cette figure à l’aune du siècle présent et à venir.
  •  Le statut militaire, par exemple en RDC des Mayi-Mayi et Wazalendo : place de la résistance civile, compréhension des motivations idéologiques, et comparaison avec les luttes de libération du siècle dernier.
  • La construction d’un modèle démocratique en Afrique à la lumière du processus palabrique de prise de décision et de conduite des affaires publiques ; le sens de la participation démocratique.
  • La conception de la justice, du droit, de la règle et de son rôle dans la société
  • Les langues, symboles et paroles dans la conservation et la transmission intergénérationnelle des savoirs
  • L’élaboration d’une intelligence et d’un système économiques inspirés des pratiques économiques des sociétés traditionnelles africaines.

Agenda de publication

  • Publication semestrielle : 2 éditions par an, sous le chapitre Doctrine et études (Juin 2024 et décembre 2024)
  • Publication régulière sous les chapitres Compte-rendu d’ouvrages et Actualités

Format des articles

Nombres de pages : 2 à 15 pages maximum

Styles de référence : libre, bibliographie en fin d’articles.


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Béni Bobanga Wawa (24 novembre 2023). Feuille de route. Cultures, identités et droits africains. Consulté le 19 février 2025 à l’adresse https://cidaf.hypotheses.org/87


A propos Béni Bobanga Wawa

Doctorant en Droit public à l'Institut de recherches sur l'évolution de la Nation et de l'État (Université de Lorraine), Chercheur en droit, philosophie du droit, sciences politiques, identités et sociétés africaines. Poète, Conteur.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.